Notre stratégie de développement durable

La joie est ce qui dure, et elle le fait mieux que n'importe quelle monnaie. Les banques centrales créent constamment de l'argent à partir de rien. Mais la contrepartie associée n'a pas encore été créée et les épargnants sont pénalisés par des taux d'intérêt réels négatifs. Une monnaie ne peut durer si elle est déchirée entre la monnaie monopolistique de l'État et les marchés monétaires mondiaux, et si ses citoyens se demandent pourquoi ils doivent travailler pour gagner de l'argent alors qu'ils peuvent le faire en appuyant sur un bouton. L'inflation ainsi induite, dérivée de "inflare", qui signifie "souffler", est une illusion, donc insoutenable. Elle n'a attiré l'attention du grand public que lorsqu'elle a été étendue aux biens de consommation.

La Suisse est entourée de pays qui font partie d'une expérience monétaire motivée par des considérations politiques et économiquement déconnectée de la réalité. Peu après l'introduction de l'euro, le pays endetté devient le champion mondial des exportations parce que sa monnaie est plus faible qu'elle ne devrait l'être, et les autres pays du Sud doivent être "renfloués" par des paiements de transfert massifs parce que la monnaie est plus forte qu'elle ne devrait naturellement l'être. Elle est également trop bon marché et attire donc la dette. La Banque centrale européenne menace de multiplier les "sauvetages à tout prix". À l'heure actuelle, presque toutes les banques centrales couvrent leur champ d'activité d'une forme ou d'une autre de socialisme monétaire. Cela abaisse la barrière qui, en cas de pandémie, prive les citoyens de la liberté de commerce et d'entreprise. Le surendettement de la sphère publique se transmet ainsi à la sphère privée. La confusion entre monnaie et capital se poursuivra-t-elle jusqu'à ce que le capital, vannes monétaires ouvertes, soit totalement absorbé par la société des rentiers ? Dans le contexte de ces sociétés corrompues, de connivence et incapables d'enseigner, le désir de durabilité doit grandir. L'absence d'ancrage structurel de la durabilité conduit d'abord à un élargissement de son concept même.

C'est pourquoi je mets en doute la crédibilité des États et des institutions qui gaspillent l'argent des contribuables, recourent à des mesures d'urgence et à la force répressive et nous imposent des réglementations en matière de durabilité. Ainsi, même l'effort de produire un rapport de durabilité a une connotation bureaucratique. Devrions-nous parler moins de durabilité et nous concentrer davantage sur elle ? La vérité finira par émerger. Mais cela présuppose une confiance initiale, qui est aujourd'hui mise à mal par les discours alarmistes des uns et des autres. Quiconque prône le silence est déjà suspect. La discrétion était autrefois une vertu - où est-elle passée ? Notre époque étrange a ainsi réussi à inverser le dicton "la parole est d'argent, le silence est d'or". Les pressions exercées par les médias de toutes sortes veulent-elles nous convaincre que l'argent vaut plus que l'or ?

Le bruit de la parole peut aussi être dû à l'indignation constante de la bouche face à son asservissement aux deux oreilles. Comme elle succombe facilement à une égalité séduisante qui fait souffrir les deux parties. La bouche doit dire plus qu'elle n'est censée dire, de sorte que des sons vides, non réfléchis, discordants, bégayants ou mensongers sortent. Et les oreilles doivent entendre plus qu'elles ne peuvent supporter, et elles commencent à parler. C'est pourquoi tant de gens veulent se taire !

Mais je peux faire court : notre transformation constante du vieux, de l'usagé et du jeté en quelque chose de nouveau, de beau et d'important est un exemple de création de valeur durable par excellence. Pour nous, l'économie et l'écologie sont de la même famille - vous l'avez compris.

Weinfelden, septembre 2023

Daniel Model